La Baie d’Authie, frontière littorale entre le Pas-de-Calais et la Somme, est un estuaire de type picard. Elle est constituée d’une rive en accrétion (le poulier, rive sud) et d’une rive opposée présentant des tronçons en forte érosion (le musoir, rive nord).
Entre 1258 et 1862, au fur et à mesure de l’accrétion du Poulier (rive sud), l’homme a construit des digues (localement appelées « renclôtures ») pour gagner progressivement des terres cultivables sur les prés-salés. A l’opposée, la rive nord a connu (et continue de connaitre) une forte érosion, particulièrement marquée et visible à l’anse des sternes, au massif dunaire entre le bois des sapins et le bec du perroquet. La surface de schorre (ou prés-salés), quant à elle, progresse par un lent phénomène de comblement de la baie.
Sur la rive nord, l’érosion du cordon dunaire fait craindre une possible brèche qui menacerait de submersion les terres basses situées à l’arrière (cf : Plan de Prévention des Risques Littoraux). Cette érosion résulte de la combinaison de différents facteurs : l’évolution naturelle du système poulier/musoir sous l’effet de l’action des vagues et du vent, la divagation du lit majeur de l’Authie dans sa baie, et les différents ouvrages construits par les hommes au cours des derniers siècles. La mer et l’Authie modèlent en continu le trait de côte.
Cet estuaire est inscrit dans une démarche PAPI (Programme d’Actions de Préventions des Inondations). Afin d’anticiper l’élévation du niveau de la mer liée au changement climatique, différents scenarios ont été étudiés favorisant l’adoption d’une gestion adaptative :- Cibler les aménagements indispensables à la sécurité des personnes et les localiser de façon efficace.
- Reconnecter certains polders avec l’estuaire pour mieux accompagner l’évolution du trait de côte.
- Concevoir les aménagements en prenant en compte leurs effets de façon globale afin que les protections instaurées à un endroit ne renforcent pas l’érosion ailleurs.
Projet adapto pour le site :
Ces échanges sédimentaires complexes proposent une grande variété de milieux naturels (dunes, polders, prés-salés, prairies bocagères, étangs, …). Cette complémentarité d’habitats offre une halte pour les oiseaux migrateurs et fait l’objet de nombreux usages.
Entre mise en sécurité des biens et des personnes, maintien des usages (chasse, agriculture, pêche), développement éco-touristique et préservation des espaces, un équilibre est à trouver collectivement.
Le Conservatoire du littoral participe à l’aménagement résilient de la baie. Il acquiert progressivement les terrains dont la topographie offre une protection naturelle complémentaire au système d’endiguement défini dans le PAPI. La stratégie est d’utiliser les dunes et marais comme zones tampons devant les ouvrages. En fond de baie, le repositionnement de digues restituera des zones d’expansion de crue maritime. Au niveau du bois des sapins, la création d’une digue en retrait protégera le territoire d’une submersion en cas de rupture de la dune. Toutefois, afin d’éviter la formation de cette brèche, le cordon dunaire, fixé par la plantation de sapins dans les années 1960, doit retrouver sa mobilité.
Le repositionnement de ces digues va impacter les usages actuels (agricoles, randonnées, …). A ce titre, des réunions ont lieu avec les acteurs locaux pour appréhender les conséquences des différentes options d’aménagement sur les activités économiques et trouver des solutions. Un projet de territoire est à co-construire autour de ces nouveaux ouvrages pour valoriser cette interface terre-mer.
Illustrés dans une approche paysagère, les acquisitions foncières du Conservatoire du littoral et les travaux des collectivités locales permettent d’envisager des boucles de cheminement autour de la baie. Au niveau de la Mollière (polder agricole créé en 1850 et acquis en 2002), le projet adapto prévoit d’accroître la qualité écologique de l’estuaire en concevant des zones de reposoir, de nidification et d’alimentation pour les oiseaux. Un schéma global d’accueil autour de la baie définira les travaux à entreprendre dans les années à venir pour développer l’éco-tourisme dans cet espace naturel préservé.
Chronique de site
07 mai 2015 : Conseil scientifique, présentation de la démarche adapto et recommandations en matière de gestion des risques naturels en Baie d’Authie.
30 septembre 2016 : Parcours avec les élus pour appréhender les aménagements réalisés et les projets autour de la Baie d’Authie – Approche paysagère pour mieux comprendre la nécessité d’un travail sur la baie dans son ensemble tant en front de mer qu’en arrière littoral.
Août 2018 : échange pour coordination des divers projets autour de la baie.
10 octobre 2018 : COPIL PAPI BSA – présentation du projet Adapto aux acteurs locaux.
28 novembre 2018 : Réunion sur le terrain avec le Préfet du Pas-de-Calais.
21 décembre 2018 : Instauration d’un comité de suivi de la baie d’Authie rive Nord - DDTM (pilote), la CA2BM, DREAL Risques, DREAL Nature, Conservatoire du littoral.
22 janvier 2019 : Parc Naturel Marin, imaginer une coordination entre les Aires Marines Educatives et le projet pédagogique adapto.
06 mars 2019 : Retour d’expériences et visite terrain en Normandie (Communauté de Communes de Coutances Mer et Bocage).
11 mars 2019 : Echanges sur le programme d’actions autour de la baie avec les acteurs locaux.
14 mars 2019 : Cotech travaux urgences Baie d'Authie - DDTM (pilote), la CA2BM, DREAL Risques, DREAL Nature, Conservatoire du littoral.