La baie de Lancieux est un espace gagné progressivement par l’homme sur la mer (polder). Au fil des siècles, la construction successive de digues (digue des Moines, digue de la roche ou digue de Beaussais) et de canaux d’irrigation ont permis de développer l’agriculture.
Le paysage a ainsi été modelé en fonction des besoins alternant entre prés salés, maraîchage, prairies bocagères, vergers de pommiers, cultures céréalières ou prairies humides.
La maîtrise foncière du Conservatoire du littoral sur le polder a permis d’engager une conversion des terrains agricoles. En installant des prairies permanentes sans intrants, l’objectif est d’améliorer la qualité des eaux et de diminuer les enjeux économiques dans un secteur sensible.
La Baie de Lancieux a gardé un caractère sauvage avec des paysages naturels d’une grande diversité, tout en étant habitée et utilisée par les hommes.
Entre le XIIIe et le XVIe siècle, les moines bénédictins de l’Abbaye de Saint-Jacut ont édifié une digue, aujourd’hui appelée « Digue des Moines ». Elle a permis d’assécher le marais maritime permettant une utilisation agricole. Dans un second temps, la digue de la Roche (XVIIIe siècle) a marqué l’extension du polder jusqu’à ses limites actuelles. Le site des marais de Beaussais (polder de Ploubalay) séparé du polder de Lancieux par un cours d’eau, a été asséché par la construction d’une digue au début du XIXe siècle. Ces deux polders contigus constituent un ensemble cohérent au sein de la Baie de Lancieux.
La digue des Moines est l’élément patrimonial le plus ancien du site et représente un témoignage précieux de l’aménagement de l’interface terre-mer des siècles passés.
Projet adapto pour le site :
Le réchauffement climatique et l’élévation du niveau de la mer entrainent des changements sur le littoral. Lors des grandes marées, la mer atteint aujourd’hui le sommet des digues et le dépasse parfois lors de tempêtes.
Depuis 2015, une réflexion est menée sur de nouvelles formes d’aménagement afin d’anticiper les effets de l’élévation du niveau de la mer. Une stratégie du recul des digues programmée dans le temps, restitue progressivement à la mer ce que l’homme lui a emprunté.
Accepter le caractère maritime de la baie, c’est transformer le regard des usagers pour accepter de redonner un peu de place à la mer et offrir de nouvelles zones à la promenade.
Laisser rentrer l’eau salée dans les marais rétro-littoraux, de façon maîtrisée, offre une nouvelle zone d’expansion pour la mer, absorbant une partie de son énergie lors des tempêtes et réduit le coût de création et d’entretien des ouvrages de protection. La baie présente les conditions favorables à cette gestion souple de la zone côtière. Plusieurs scénarii de reconnexion ont donc été évalué pour le polder de Lancieux :
- L’arasement de la digue
- La création de brèches
- La mise en place d’une gestion hydraulique par écluse
- Les submersions spontanées
Ainsi, sur la commune de Lancieux, cet espace de transition permet d’envisager un système de protection en rideaux successifs s’appuyant sur :
- L’ancienne digue des Moines réhabilitée pour se promener ;
- Une nouvelle digue de longueur limitée protégeant les biens et les personnes entre la digue aux moines et les zones urbanisées ;
- L’intrusion de l’eau salée dans la zone restituée à la mer, créant un nouveau marais de prés salés dissipant l’énergie marine.
Il est ici envisagé de concilier enjeux patrimoniaux, environnementaux et usages des espaces naturels, à travers une stratégie d'accompagnement progressif du recul du trait de côte.
Chronique de site
27 Juillet 2011 : Délibération du conseil de Lancieux prévoyant un système de défense en rideaux successifs : s’appuyer sur la digue des Moines et si besoin mettre en place une 3ème digue pour la protection du camping et des habitations.
2015 : Etude de danger - Diagnostic de l’état de santé de l’ouvrage et recommandations d’entretien. Définition de la zone vulnérable.
2016 : Rencontres avec les maires et élus intercommunaux : crainte par rapport à l’accueil du projet par les habitants. Souhait d’une mise en valeur des apports du projet pour les habitants et également pour le tourisme. Prise de conscience de la problématique à venir sur le changement climatique sur lequel la Communauté de Communes va devoir travailler dans le cadre de la GEMAPI.
04 novembre 2016 : Présentation des résultats des études universitaires géomorphologiques et paysagères aux élus de la Côte d’Emeraude. Questionnement autour du financement du projet et de l’intérêt de mettre en place une action de reconnexion plutôt que de laisser faire la nature. Souhait de pouvoir associer aux différents scénarios, un chiffrage et une faisabilité technique et juridique.
15 novembre 2016 : Journée d’échanges entre les élus normands du val de Saire (site Licco) et les élus de la baie de Lancieux sur l’adaptation des territoires littoraux au changement climatique.
2017 : « Services écosystémiques d’un complexe Slikke-Schorre »+ « Biogéomorphologie et estimation du service d’atténuation du marais maritime de la Baie de Lancieux » (étude EPHE).
21 novembre 2016 : Réflexion avec la marie de Lancieux pour instaurer une DUP pour maîtriser le foncier, élément clé pour l’avancement du projet adapto.
06 novembre 2017 : COPIL pour la mise en place de la GEMAP.
11 juillet 2018 : Comité de gestion des sites du Tertre Corlieu et marais de Beaussais.
08 août 2018 : Echange avec le maire de Lancieux sur les acquisitions foncières et la gestion hydraulique du marais de Lancieux.
Novembre 2018 : Acquisition de la parcelle AH 238.
29 mars 2019 : COPIL Baie de Lancieux